Bientôt, la journée du pardon…et oui, le marketing s’y est invité. Vous voulez être bien, vous devez pardonner et pour le faire, quoi de mieux qu’un séminaire. Je vous l’avoue, ça me met en boule, ça me fout les nerfs.
Les séminaires sont payants, évidemment. Le pardon n’est gratuit que pour celui qui en vit!
Revenons aux basiques, le pardon c’est quoi?
Définition
Moi, j’aime le Larousse parce que derrière le mot, il y a une idée, un concept. Le mot ne servant qu’à les exprimer. Donc, je cherche dans le dico, ce qu’on trouve comme définition pour le joli mot » pardon » et voilà ce que je trouve: Fait de ne pas tenir rigueur d’une faute ; rémission d’une offense. Absolution du péché par un prêtre après la confession…
Selon cette définition, pour qu’il y ait pardon, il faut qu’au préalable, il y ait faute et que celle-ci soit reconnue, voire et il y là une dimension religieuse, confessée.
Ça a l’air évident. Sauf que ce matin, dans l’émission » Télé matin « , le pardon avait son quart d’heure, son émission et il était présenté et revendiqué comme quelque chose d’égoïste. On se libère des rancœurs pour se faire du bien à soi-même.
Et de citer le parangon du pardon, le professeur Luskin. Il en a fait son objet d’études et y a consacré un institut.
Ainsi en résumé, le pardon c’est merveilleux parce que bon pour votre santé!!!! L’autre, la faute, l’offense, tous ont disparu dans son grand bain, son océan. Si vous ne pardonnez pas, c’est que vous êtes méchant ou pas assez élevé dans les nouveaux gradients de la bonté.
Le pardon est ramené à une transaction entre soi et soi. L’autre, l’offenseur, n’est plus là.
J’accorde mon pardon pour me sentir bon et me faire reconnaître comme tel. Le groupe va m’ y aider. Il ressemble, à s’y méprendre, à une troupe et le séminaire a tout du spectacle. Oui, les autres sont là, ramenés à une position de témoin ou de spectateur ; d’acteur ou de comédien. Qu’ont-il de commun tous ces gens réunis? d’avoir à pardonner. Alors, dans ces séminaires, on joue, on se serre et on se cajole. On se pardonne entre-soi. Oui, je sais ça fait bizarre, dit comme ça; Le pardon est cette nouvelle manifestation de l’ego que viennent flatter ceux qui y voient un intérêt. Et je crois qu’il est gros, « egro « .
Tout n’est pas si simple
Qu’en est-il en réalité?
Pour pardonner, il me semble nécessaire que l’autre, cet offenseur, exprime des regrets. S’il ne le fait pas ( et même s’il le fait ), oui vous avez le droit à la colère. Vous avez même le droit de la conserver au chaud, ou au froid, c’est comme vous voulez. Tant qu’elle n’est pas un empêchement et qu’elle ne vous conduit pas à commettre des actes répréhensibles.
Oui, nous n’éprouvons pas que de bons sentiments. Qu’à ne pas les reconnaître, à soi-même et aux autres, on ment. Certaines études, celles de Julie K Norem, en particulier, ont d’ailleurs montré que les sentiments négatifs étaient nécessaires, utiles, positifs. Ainsi, un pessimisme régulé, défensif, permettrait de mieux maîtriser l’anxiété. Et il y a d’autres exemples. En somme, il y a du bon dans le mauvais!
En conclusion
Drôle d’époque où on célèbre le pardon tout en critiquant la repentance. Où l’on ne veut plus éprouver la moindre culpabilité.
En vérité, si l’autre n’est coupable de rien, il n’y a rien à lui pardonner…
Vous devrez vivre avec cette frustration. Je n’appelle pas cela le pardon mais la raison.
Et vous, qu’en pensez vous?